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Le No 57 de la NPTdu 29 Février 2016 : Le Sommaire



Article 1 : "Les Thés du Népal, des plaines aux altitudes des hautes collines".


Article 2 : "La China Chamber of Tea, Portrait de YU Lu, VP de la CCCFNA".


Article 3 : "Thés Rouges, Thés Noirs, les mêmes Tasses" ?


Article 4 : "Les Kuki Cha et les Karigane, des Tasses délicieuses du Japon".


Article 5 : "Camomilles et Chrysanthèmes, elles sont de la même famille".


Article 6 : "L’Art et la Manière de préparer son Thé".



N°57 Art.1 "Les thés du Népal, des plaines aux altitudes des hautes collines".


 Cela fait plus de dix ans que l’on peut  trouver quelques thés superbes de ce petit pays producteur de l’Himalaya dans certains comptoirs de thé en France. Le choix s’élargit et depuis peu il y a même un logo pour les protéger et les mettre en valeur.
Au 6e Forum International du Thé, qui s’est tenu dans la Province du Hubei en Novembre 2015, des représentants du Nepal Tea & Coffe Development Board ont présenté une conférence sur les thés de leur pays et la NPT veut partager ces éléments chiffrés avec ses lecteurs.
Un bref rappel de l’histoire : cet ancien Royaume Hindou, enclavé entre la Région autonome du Tibet, donc la Chine, et l’Inde est resté à l’écart de la domination coloniale Britannique ; gouverné depuis 1768 par la Dynastie Shah le Népal a vu ses premières plantations de thé installées vers 1860, sur les terres de la famille du tout puissant Premier Ministre Jung Bahadur Rana, un jardin en plaine a Soktim et un jardin dans les collines à Ilam. Les plantes avaient été achetées au Darjeeling voisin, où les voyageurs de la cour royale avaient pu admirer ces jeunes arbustes et déguster les infusions de leurs feuilles, une grande et belle nouveauté à l’époque. Malheureusement les contraintes d'un régime despotique avaient coupé court à tout développement et c’est seulement un siècle plus tard, vers 1970 que l’acquisition de terres en propriété privée devient peu à peu  possible.
 En 1982 le Roi Birendra proclame une « zone du thé » qui s’étend dans la région de l’est et couvre les 5 districts de Jhapa, en plaine, et puis Ilam, Panchthar,Terathrum et Dhankuta en zone montagneuse; depuis  la production prend progressivement  son envol.

En 1993 le" National Tea &Coffee Development Board – NTCDB- " est crée en tant qu’autorité tutelle. Peu à peu des structures privées se mettent aussi en place pour favoriser non seulement la production mais aussi la commercialisation internationale.
En 2003 le régime bascule après le meurtre du roi et de 8 membres de sa famille, et en 2008 le pays abolit la monarchie et devient le République Fédéral Démocratique du Népal. Il n’est toujours pas bon d’évoquer ce passé récent, trouble et triste.
Les thés et leur géographie : Sheshkanta Gautam et de Gaurab Luitel du  NTCDB rappellent d’abord que leur pays couvre une surface de 147.000km², dont seulement 20% sont cultivables, et possède une population d’environ 30 millions. Etiré tout en longueur sur environ 800 km le long du flanc est de l’Himalaya, le Népal possède 8 de ses plus hauts sommets dont le Mt. Everest  sur ses terres. Le pays est divisé en trois zones allant des plaines fertiles et chaudes, le Terai, vers les collines, que l’on appelle la zone montagneuse, et qui couvre 64% des surfaces, et puis vers la zone himalayenne, située entre 4.500m et plus de 8.000m d’altitude.
Le thé prospère à l’est du pays et se partage entre
** les thés noirs et CTC des plaines, qui font 85% du volume avec 17.800t et
** les thés orthodoxes des altitudes, qui font 15% du volume avec 3.300t,
**donc une production totale de 21.100 t de thé en 2014/2015.

Il y a à présent 142 Plantations de Thé enregistrées, qui opèrent 42 usines dont 16 produisent des thés OTD et 26 des thés CTC.
Pour favoriser la production de thés fins il ya aussi 32 « mini factories » où l’on travaille souvent à façon pour faire des thés spéciaux.
Les plus de 12.000 petits producteurs, qui cultivent en moyenne moins d’un hectare de thé,  sont organisés en 85 coopératives.
Gaurab Luitel souligne que plus de 60% des thés sont exportés, dont 90% vers l’Inde ! les thés orthodoxes, très recherchés pour leur qualités superbes, partent vers l’Allemagne, la République Tchèque, le Kazakhstan, les USA, le Canada et puis la France.  
 Le regretté pionnier des thés fins, l'américain  David Walker a effectué une visite approfondie des jardins népalais en 2011 afin d’établir un rapport pour l’USAID. Il s’y dit impressionné par  la jeunesse des théiers et la grande compétence et inventivité des responsables de production, qui ont introduit des thés verts, blancs et wulong en plus des traditionnels thés noirs de grande qualité.

Darjeeling ou Népal ?? Les jardins du Darjeeling bénéficient d’une immense réputation depuis plus de 100 ans déjà pour leurs thés noirs IGP et premium, mais parfaitement traditionnels. Les producteurs du « jeune voisin »ont su profiter très vite du retour de  la Chine qui a bien enrichi et redynamisé le marché, pour proposer de nombreuses nouveau-thés,  un parcours sans faute et à succès bien mérité.

Le petit volume disponible fait monter les prix, une aubaine pour ce pays très pauvre. On y investit beaucoup pour augmenter la production de thés bio. Une récente étude indique, que les surfaces de 17.000 ha dédiées actuellement au thé pourraient être augmentées de 10.000ha  dans la zone montagneuse de l’est, en mettent en culture des terres totalement vierge, ciblant la certification " bio " dès le départ.
Bon vent aux thés du Népal, des tasses exquises à découvrir sans tarder.



N°57 Art.2 "La China Chamber of Tea, Portrait de YU Lu, VP de la CCCFNA".

Depuis le grand retour de la Chine sur le marché du thé et son passage au premier rang  en 2006, sa production de thé n’a cessé de croître. En 2014 la Chine a produit 2,096 millions de tonnes de thé, ce qui représente 40,5% du volume mondial, du jamais vu !
Tout en consommant la majeure partie de ses thés en interne la Chine est néanmoins aussi exportatrice, ainsi 250.000 t de thés verts et 53.000 t de thés noirs et autres ont été exportées en 2014. En étudiant la valeur moyenne de ses exportations on constate qu’elle progresse régulièrement et se situe à 4,22 USD/kg en 2014, à comparer aux 3,14 USD/kg pour l’Inde et aux 4,90 USD/kg pour le Sri Lanka.
Les relations internationales sont donc importantes et pour cette raison la Chambre de Commerce des Produits Agricoles – CCCFNA- organise depuis 2005 des rencontres internationales, intitulées « International Tea Forum »- ITF.

Le 6e ITF s’est tenu à Chibi, dans la Province du Hubei en Novembre 2015 avec des sessions également dans la ville capitale, Wuhan, une importante plateforme historique et point de départ des grands convois de thé  pour la Russie pendant le 19e siècle.
C’était la première rencontre des représentants industriels et gouvernementaux ainsi que des opérateurs privés du thé avec Mme. YU Lu, depuis 2013 le 3eVice Président de la CCCFNA.  Très rodée aux contacts internationaux et parfaitement anglophone sa présence a été  énormément appréciée par tous les participants, permettant enfin des échanges en direct avec un fonctionnaire chinois de très haut rang.
YU Lu,3e Vice Président 

Pour mémoire la CCCFNA est un organisme gouvernemental qui est structuré en 12 départements, des huiles et céréales, viandes et produits de la mer, aux légumes, fruits et produits de l’industrie alimentaire, et puis il y a aussi
 le département "thé et horticulture", qui gère le thé, le café, les boissons chocolatée et les alcools et les fleurs.
Ces 12 départements sont ensuite divisés en 42 chambres, dont la chambre du thé
chinatea@cccfna.org.cn


Le Secrétaire Générale de la Chambre du thé est CAI Jun, c’est lui et son équipe, qui  organisent les ITF au fil des années,  à Hangzhou en 2005, à Changsha en 2007, à Kunming en 2009, à nouveau à Hangzhou en 2011, à Puer en 2013 et puis au Hubei en 2015. En place depuis de longues années CAI Jun connaît tout le monde et tous les thés, son seul problème est qu’il ne veut pas du tout communiquer en Anglais, même s’il le comprend, il ne veut pas le parler. Pour cette raison il est toujours entouré de professionnels qui lui servent d’interprète.
à l'ITF de Hubei

Ces rencontres apportent tout d’abord de nombreux contacts avec les opérateurs chinois, puisque chaque ITF est accompagné d’une ou de plusieurs " tea expos". Là on peut voir non seulement les immenses stands des grandes entreprises de l’état, mais aussi des entreprises privées locales et venant d’autres provinces, proposant échantillons et catalogues, visites d’usine et documentations intéressantes. A noter que tous ces opérateurs privées ont au moins une personne, souvent jeune, brillante et féminine, qui parle un anglais excellent et connaît bien le thé en général et les spécialités de sa maison,  une  politique impressionnante de la compétence toute en sourires.  
Il faut noter aussi l’aspect parfois très protocolaire des ITF, qui servent de vitrine pour la chambre de thé du  CCCFNA, et soulignent la puissance des industries chinoise dans le domaine agroalimentaire. Il faut toujours compter les drapeaux sur la tribune, qui sont la preuve de la présence de représentants étrangers, au Hubei il y en avait 19;
 par contre il n’y a jamais de listes de participants, bien dommage.
stand à l'expo

Cela n’empêche de profiter des nombreuses occasions pour agrandir son réseau fournisseurs de thés ou d’informations pointues sur les marchés.

YU Lu a apporté une nouvelle fraîcheur aux ITF, en se montrant vivement intéressée par le thé comme tasse noble et porteuse de devises et en ouvrant un dialogue directe avec la branche. Elle nous a dit en riant que ses cheveux ont blanchi parce qu’elle a travaillé tellement dur pendant tellement d’années pour grimper les échelons, qu’elle n’a jamais pu dormir à son gré. Elle est fière de son excellent anglais et déterminée d’envoyer sa fille de 14 ans finir ses études en Angleterre ; " et puis, cela me donnera l’occasion de souvent aller la voir en Europe" ajoute-t-elle. En quittant Wuhan, elle nous souhaite bon retour et confirme sa disponibilité pour un suivi utile et directe pour tout dossier " ès thé"  important.

N°57 Art.3 "Thés rouges et thés noirs, les mêmes tasses " ?

C’est tout d’abord une question de terminologie : en Occident il est depuis longtemps d’usage d’appeler  les thés complètement oxydés, et donc aux feuilles très foncées, des thés noirs.
C’est le retour en puissance de l’industrie chinoise du thé, à partir des années 1980/90 qui à permis de retrouver des thés chinois traditionnels, que l’on avait perdus de vu depuis la rupture de la révolution culturelle. Ce retour des richesses en thés de terroir et en thés de couleurs autres que noir, qui ressortaient de l’oubli dans le quel ils étaient tombés pendant des décennies, a posé  la question d’une nomenclature appropriée. Des experts se sont donc tournés vers les manuels chinois du thé, pour traduire en premier les noms des grandes familles, classées en fonction de la couleur des feuilles infusées et des tasses.
le rouge par opposition au vert

Les thés pleinement oxydés présentent des tasses allant d’un rouge marron à un rouge plus vif, mais ce sera toujours une couleur proche du rouge, en Chine ces thés ont donc toujours été appelés "Hong Cha", ce qui veut dire thé rouge en traduction.
De nombreux thés oxydés africains donnent aussi de belles tasses d’un rouge souvent cuivré, alors que les thés oxydés de l’Inde donnent des tasses plus foncées, en notes de marron.
Au Sri Lanka il y a aussi de très belles tasses rouges.
Toutefois la majorité des connaisseurs estiment judicieux de réserver le terme " thés rouges" aux thés pleinement oxydés de Chine, alors que les thés pleinement oxydés des autres pays producteurs gardent leur dénomination traditionnelle de "thés noirs" . 
Conclusion : les thés rouges et les thés noirs sont tous les deux des thés pleinement oxydés, mais ils sont d’origine différente, les "rouges" venant tous de la Chine
Rappelons qu’en Chine la traditionnelle consommation est celle de thés verts ! il y a néanmoins quelques autres catégories à petites productions locales qui sont les thés blancs et les thés jaunes, à peine oxydés,  et puis les thés bleu vert, ou thés Wulong, qui sont partiellement oxydées et puis les thés sombres, de garde et de transport chez les peuples frontaliers, départ aussi des thés verts.
Les thés rouges sont pour la très grande majorité des créations du  19e siècle et destinés à l’exportation ; les experts pensent que parmi les premiers thés rouges ainsi " crée"pour voir  ce que donnerait une complète oxydation de cette fine cueillette sont les Keemun ou Qimen, originaire du district Qimen, au sud ouest du massif des Huang Shan, de la province d’Anhui.
feuilles calibrées pour l'export à gauche
 La légende attribue cette première expérimentation à un fonctionnaire retraité, qui voulait répondre à la préférence des Européens pour les thés oxydés ; lancé en 1875 ce nouveau thé rouge de Qimen, aux petites feuilles hautement aromatiques a remporté immédiatement un superbe succès ! Un bel exemple d’un thé de terroir transformé de manière innovante, qui a su mettre en valeur la richesse en saveurs de cette variété locale.
D'autres régions ont suivi l’exemple : entre la fin du 19e  et les débuts du 20e siècle on a crée plusieurs thés rouges de grande qualité avec les récoltes fines des  théiers propres à ces divers terroirs, comme le Dian Hong du Yunnan, le Yingde Hong du Guangdong, le Yi Hong du Hubei et le Ning Hong du Jiangxi, à ne pas oublier le Zhengshan Xiao Zhong, ou Lapsang Souchong, qui subit en plus un fumage aux branches de pin.

 Tous ces thés rouges ont gagné de nombreuses médailles dans les expositions mondiales des années 1900 et se sont fait une grande réputation en Occident. D’autres créations de thés rouges ont suivi  : à citer les Chuan Hong du Sichuan et le Panyong du Fujian.
Une belle création toute récente est le Jin Jun Mei, qui a été "inventé" en 2005/6 dans le Fujian, Wuyi Shan : c’est une cueillette unique printanière sur les théiers qui fournissent le Lapsang Souchong ;
très riche en bourgeons et complètement oxydée cette nouveauté à la tasse délicieuse est proposée à près de 1000€ la livre au marché de gros , on en trouve pas vraiment à l'extérieur.
un  Jin Jun Mei, à la China Tea Expo en 2012


 Les thés rouges sont classés en 3 groupes :
** les Gong Fu Hong Cha, qui sont tous des thés d’origine et de  qualité supérieure récoltés sur des variétés à grande feuille et qui subissent en dernière étape un calibrage mécanique, consistant à soumettre les feuilles à une sorte de "tapotage" avec d'épaisses lames en bois, qui les cassent en fragments réguliers, que l'on trie ensuite en fonction de leur taille , et ainsi on obtient des thés homogènes, ce qui permet une infusion  rapide.
**les Hong Cha classiques, qui sont des thés orthodoxes, en feuilles entières,  classés selon la nomenclature internationale en grades F.O.P. /Flowery Orange Pekoe, , puis O.P.et puis P, ensuite en Broken et puis en Fannings et Dust, comme les thés noirs de l’Inde, du Sri Lanka, de l'Afrique de l'Est etc ;
**les Xiao Zhong Hong Cha : qui sont des thés d’origine en provenance du Fujian, Wuyi Shan, village de Tongmu ;  préparés avec les cueillettes de théiers d’une variété à petite feuille, ils sont pleinement oxydés et  subissent ensuite un  fumage, qui leur confère un goût unique : c’est le célèbre Lapsang Souchong, et il y a aussi son « cousin » le Tarry Souchong, qui est produit à Taiwan.
Les thés rouges continuent à être très appréciés en Occident et les papilles chinoises commencent à les trouver délicieuses depuis quelques années. La production est donc en augmentation:  en 2013 et selon les statistiques officielles elle a été de 198.000 t .


N°57 Art.4 "Les Kuki Cha et les Karigane, des tasses délicieuses du Japon".

Quand on récolte les thés primeurs au printemps tout le contenu des paniers  est précieux, d’abord bien sur les feuilles mais aussi  leur tiges, les branchettes et les brindilles.
bourgeon, feuilles tiges,**

 Lors des dernières étapes de la fabrication on procède au tri et sépare les feuilles, les tiges, branchettes et brindilles et puis  les poussières. Les tiges, brindilles et branchettes de ces récoltes, bien qu’en quelque sorte des résidus, ont toujours été consommées en infusions par les fermiers eux même, qui les trouvaient  bien trop bons pour les éliminer comme déchets; certains les ont aussi commercialisés à moindre prix.




Cette image d’une "tasse des pauvres" a beaucoup changé depuis une cinquantaine d’années.
la 4e infusion d'un karigane  excellent
 En effet le tri, jadis effectué manuellement par des fermières  spécialisées et aux mains habiles, les Cha Yori San, était alors très minutieux et les kuki cha  ne contenaient que très peu de feuilles. Depuis les années 1960 le tri est fait mécaniquement, par des équipements sophistiqués, qui sélectionnent  les tiges suite à leur plus grande teneur en humidité et suite à leur couleur bien plus pale que le vert des feuilles. Des connaisseurs d’un certain âge constatent, que les machines laissent plus de feuilles,et se réjouissent que les kuki cha  donnent  maintenant des tasses plus savoureuses qu'auparant !
Lorsqu’il s’agit de  récoltes
**de sencha supérieurs,
**de gyokuro – des thés ombragés pendant 3 semaines avant la récolte, pour rendre les feuilles plus fines et les enrichir en chlorophylle et
du tencha

**de tencha- des feuilles de gyokuro, traitées à plat et ensuite dénervées pour ne garder que des petits rectangles de chair, qui seront broyées pour faire du matcha,
 ces tiges, brindilles et veines sont d’une très grande finesse et on les appelle karigane.
 Notons que ces tiges, brindilles et veines  ne représentent qu’entre 5% et 10% du poids, c’est donc une  production résiduelle rare et recherchée, pas toujours facile à trouver.

Par ailleurs leur teneur en théanine élevée et leur teneur en caféine faible rend les kuki cha et les karigane intéressants sur le plan diététique. Leurs tasses sont recommandées pour les enfants et pour les régimes macrobiotiques. Au Japon on dit aussi que les tiges contiennent plus de vitamine C et d’oligoéléments que les feuilles.
kukicha  proposé en sachets pyramide***

Le rapport qualité prix est toujours aussi excellent, et  de nombreux amateurs finissent par préférer les tiges aux feuilles, tellement les tasses sont délicieuses et bien plus économiques.
Les recommandations sont précises:  prendre  1g pour 50ml, ou alors 4g pour une petite théière de 200ml, une eau de bonne qualité, à température entre80° et 85°,  et infuser rapidement ;
La tasse est d’un beau vert pale, avec quelques opacités dues aux brisures.
Avec des karigane vous pouvez faire  des infusions multiples, quatre et plus, les saveurs sont veloutées, subtilement  iodées et suavement sucrées, grâce à la forte teneur en théanine ; longue en bouche ce "thé de tiges" dégage des arômes typiques et agréables ; il flatte à la fois le palais et vos sens de l’olfaction.



Ce concept traditionnel unique dans le monde du thé  apporte une belle  expérience sensorielle avec une tasse bourrée de bienfaits pour la santé, à écouter les experts japonais.


** crédit photo: Green Tea Guide
*** crédit photo: Adagio Teas


N°57 Art.5 "Camomilles et chrysanthèmes, elles sont de la même famille".

Elles appartiennent toutes les deux à la famille des astéracées, aussi appelée « daisy family », les pâquerettes. Leurs fleurs, que l’on doit cueillir fraîches et à peine ouvertes, sont ensuite  séchées et  utilisées depuis des siècles pour leurs bienfaits importants.
Elles contiennent toutes les deux de l'apigénine : un composé chimique de la famille des flavones, une sous-classe des flavonoïdes, qui a des propriétés anti-inflammatoires significatives.
camomille sauvage et romaine
La camomille est connue pour ses vertus depuis l’antiquité ; originaire de l’est de l’Europe c’est une plante très ancienne de la pharmacopée traditionnelle européenne. Il y a plusieurs variétés, dont la camomille  sauvage aux tous petits capitules jaunes pales, et la  variété  cultivée  la camomille romaine aux capitules plus importantes à la blancheur immaculée. On lui attribue de très nombreux effets bénéfiques notamment une action apaisante, calmante, antispasmodique, anti-inflammatoire, anti-allergique et adoucissante. 

 www.itoen.com
Ainsi les infusions de camomille aident à lutter contre l’insomnie, les cauchemars, l’irritation et les maux de dents. Elles peuvent être consommées sans danger par les jeunes enfants. Les infusions de camomille ont aussi des propriétés légèrement calmantes qui soulagent les céphalées de tension, les douleurs psychosomatiques, les coliques menstruelles et les autres spasmes ou crampes. Des compresses d’infusion de camomilles soulagent les yeux fatigués et irrités
Par contre en Europe il est  peu usuel d’associer la camomille aux thés, voir d’ajouter quelques capitules à des feuilles de thés noirs ou verts comme on le fait couramment en Asie avec les fleurs de chrysanthèmes. Aux USA on peut déjà trouver de la  "camomille prête à boire", proposée par ITO EN, une société d’origine japonaise.

marché du thé à Wuhan
La chrysanthème, Ju Hua, originaire de l’Asie, est elle aussi cueillie ou cultivée depuis des siècles, en Chine notamment. Les fleurs sont soit infusées seules en tisane, mais on les utilise aussi ensemble avec des thés de toute sorte, pour des effets gustatives et pour redonner du lustre à une dernière tasse après des infusions multiples.
 Sa teneur en vitamine C la recommande en cas de refroidissement et  comme anti viral ; depuis toujours les Chinois la consomment aux changements des saisons et en été, pour ses effets de fraîcheur lors des journées de canicules.Par ailleurs  on dit qu’elle détoxifie le foie, fait baisser le cholestérol du sang, stimule les fonctions cérébrales et  facilite la digestion.
 www.yeos.com
En usage externe on la recommande pour des yeux aux paupières irritées et qui démangent.

Elle existe en plusieurs variétés, et en plusieurs couleurs, du blanc crème au  jaune brillant ; parmi les plus recherchées il ya
**les HuangShan Gong Ju
**les Hang Bai Ju, cueillies près de Hangzhou
**les Chu Ju, du district de Chuzou dans l’ Anhui
**les Bo Ju, du district de Bozhou, aussi dans l’Anhui.

Puisque ces fleurs sont tellement appréciées, on les propose  prêtes à boire, en canettes ou en bouteilles, en Chine , au Japon, en Corée et  à Taiwan  notamment.


N°57 Art.6 "L’art et la manière de préparer son thé".

Une étude toute récente d’experts du marché sur les habitudes de consommation des " millennials " aux USA, donc  la jeune génération américaine, indique que la tendance qui prime est la praticité : ni préparation, ni rangement. L’expert conclue que ces jeunes semblent bien fainéants et risquent de passer à côté de beaucoup de bonnes choses.
Cette tendance d’aller vite a déjà bouleversé le marché du café, avec la croissance inexorable des capsules et dosettes, la France étant en tête pour cette part du marché. Depuis deux voire trois ans  il y a toutefois un contre courant, qui a pris son essor aux USA. On l’y appelle « la troisième vague »  où quelques amateurs avertis ont commencé à mettre au point  des accessoires manuels servant à infuser des cafés fraîchement torréfiés et fraîchement moulus, lentement et à la main, pour en extraire toutes les saveurs !
Et le thé, où en est- il ?? Avec ces nouvelles machines superbes, qui vous infusent les tasses selon des instructions électroniques, lues sur les capsules ??

Nestlé, le géant mondial du café, a commencé à s’intéresser au thé il y a une dizaine d’années, quand production et consommation globales de cette boisson ont dépassée celles du café ! Nespresso ayant fait depuis longtemps ses preuves en conquête continue des marchés, le groupe  a lancé sa superbe Spécial T. en grand pompe pour les fêtes de fin d’année 2012. Partie pour une diffusion mondiale la belle machine ne se vend plus qu’en Europe, et elle a changé de taille pour prendre moins de place.

Unilever, le géant du thé, a enfin relevé le défi et a lancé la T.O.by Lipton, pour les fêtes de fin d’année 2015 dans une belle orchestration de com, à Paris aussi. Annoncés pour être commercialisée en exclusivité par internet et au BHV, on peut les trouver maintenant même à la FNAC.





Aux USA , où la consommation de thé est en forte croissance, avec un élargissement notable du segment des " tasses chaudes" et des "tasses de thés fins en feuilles" une merveille de design et de technologie a été lancée en automne 2015, la Teforia. Cette belle machine a été mise au point précisément pour  débarrasser les amateurs de ces tasses exquises de toute apprentissage, voire corvée, en matière de températures et durées d’infusion.

Il y a deux ans une autre machine a été lancée aux USA, la Tea - Ceré, qui broie sur demande  les feuilles de thé vert pour vous préparer une sorte de "matcha " frais dans quelques instants.

Ces développements technologiques veulent rendre la préparation d’une tasse de thé  rapide et aisée, mais  restreignent l’offre par une sélection relativement  peu raffinée. On peut considérer  qu’il s’agit d’une première étape, pour attirer des consommateurs novices et qui appréhendent les arcanes d’une infusion savante, mais alors les connaisseurs qui aiment déjà cette tasse ne pourront pas se satisfaire d’une palette aussi réduite.

Peut être la meilleure invention des décennies passée a été le  filtre à thé, en tissu ou papier de qualité, ou en grilles inoxydable,  et que l’on remplit soi même en dosant à volonté. Ces outils prennent aussi beaucoup moins de place sur une table et peuvent même se glisser dans un sac de voyage.
Ce tour d’horizon des accessoires, machines et pratiques d’infusion montre un marché ouvert, qui bouge, qui suit les tendances mais où le consommateur ne veut pas se laisser enfermer, ni se  priver du choix très vaste en thés fins, particulièrement bien fourni en France.

A noter aussi que les thés en sachets sont devenus "sortables"avec les sachets pyramides, les sachets cristal, les sachets en matières naturelles comme la pulpe d’abaca, une offre de plus en plus diversifiée qui concerne aujourd’hui aussi de nombreux thés fins.
Alors pourquoi investir dans un équipement qui prend de la place et qu''il faut entretenir ? A moins d'avoir souvent la visite d' amis buveurs de thé et qui passent "en coup de vent" , et qui pourront ainsi se délecter d'une tasse préparée en un clin d'oeil?
Des choix à faire selon vos habitudes et selon votre quotidien.