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N°56 Art.1 "Les Thés de l’Afrique, un tiers des exportations mondiales".

Pour rappeler : l’Afrique est le berceau du café, qui est originaire des grands forêts de l’Ethiopie et des plaines du Congo et par ailleurs le plus grand producteur de cacao du monde, assurant 72% du volume globale en 2014.
Le thé a été apporté à partir du milieu du 18 e siècle, par des colons, allemands et hollandais d’abord, qui l’ont souvent planté pour leurs tasses personnelles. La culture commerciale du thé à grande échelle a été lancée par les Britanniques,  selon les annales c’était au Malawi en premier, vers 1890. Vers 1900 des tentatives de plantations ont lieu en Uganda et au Zimbabwe puis au Kenya un peu plus tard, suivi par la Tanzanie. Les Portugais introduisent le thé au Mozambique vers 1920, voyant les belles récoltes au Malawi, de l’autre côté de la frontière.
l'Afrique de l'Est, le coeur du thé

Vers 1950 le thé arrive au Cameroun et thé et café sont introduits par l’administration belge au Rwanda, Burundi et Congo. Des planteurs hollandais introduisent le thé en Afrique du Sud vers 1964, et en 2006 la première plantation de thé est crée en Ethiopie. Cela fait 12 pays  du continent africain, qui produisent aujourd’hui du thé. Il convient d’ajouter à cette liste les îles de Madagascar, St. Maurice et La Réunion, où le thé a été introduit par des gouverneurs français depuis 1840, ensemble avec la vanille, le cacao et le café.
Depuis, entre 1961 et 1963, tous ces pays sont devenus indépendants et sont devenus des nations avec leurs propres constitutions. Cette mutation a été suivie de nombreux conflits, souvent suite aux nouvelles frontières parfois tracées de manière trop arbitraires. De longues années de souffrance et d’instabilité politique, qui  ont laissé des traces, avec des baisses de production, des récoltes perdues, des plantations abandonnées. Depuis une vingtaine d’années la stabilité est de retour et les prix à l’exportation des matières premières agricoles sont à nouveau plus rémunérateurs.
 La production de thé de l’Afrique a augmenté de + 36% depuis 2003 et se monte à 666.000 tonnes en 2014.Cela représente  près de 13% de la production mondiale et 34% des exportations mondiales de thé en 2014, une contribution significative.
Parmi les producteurs de thé de l’Afrique six pays apportent 95% du tonnage, le Kenya, l’Uganda, le Malawi, la Tanzanie, le Rwanda et le Zimbabwe.

Les autres, qui produisent moins de 10.000t par an chacun, sont le Burundi, l’Ethiopie, le Mozambique, le Cameroun, l’Afrique du Sud, l’Ile Maurice, avec une production minime et non chiffrée à Madagascar et à La Réunion.
un thé blanc de Kangaita

Ces thés Africains sont pour leur grande majorité produits au départ à partir de matériel botanique importé de l’Inde et du Sri Lanka, généralement fourni sous forme de graines de thé par les jardins royaux britanniques. Pour améliorer le rendement, l’adapter aux différentes zones climatiques, selon les saisons des pluies notamment, la composition des sols, les vents et les altitudes les chercheurs agronomes ont commencé à expérimenter dés les années 1950, en observant de près et en faisant de nombreux croisements.  Cela a permis à la Tea Research Foundation- TRF-  du Malawi, le plus ancien organisme de recherche sur le thé en Afrique, de développer plus de 30 cultivars, tous très appréciés localement et aussi dans les plantations des pays voisins. La TRF du Kenya n’est pas en reste, en travaillant à améliorer la résistance des plantes aux petites gelées  et à la sécheresse, tout  en innovant. Ainsi le dernier cultivar, élaboré au cours de plus de vingt ans et finalement mis sur le marché en 2013 : le thé pourpre, obtenu par le croisement d’un camellia assamica X camellia irrawadiensis. Magnifiques feuilles, mais tasses  encore un peu amères, le travail continue.

A noter que les thés africains sont principalement des thés noirs CTC, qui conviennent au marché britannique d’abord et puis aux Russes et au Moyen Orient. La demande reste ferme pour ces thés de qualité solide, aux tasses bien colorées, robustes et très rarement astringentes. Réputés par ailleurs pour l’absence de pesticides et un environnement très naturel, ces thés sont en grande partie utilisés pour des assemblages, et c’est rare de trouver des thés africains  d’origine et de terroir sur nos marchés occidentaux. Depuis le retour spectaculaire de la Chine sur le marché du thé il y a environ 25 ans les consommateurs ont ré-découvert les 6 familles du thé, dont les thés verts, wulong et sombres et aussi la multitude des thés d’origine et de terroir, une sorte de révolution. Les pays producteurs de thés noirs  ont depuis tous cherché à se joindre au mouvement et à diversifier leur offre en développant quelques thés fins. Cela ne peut pas se faire en « claquant des doigts » mais nécessite un matériel botanique et de manufacture adaptés, des terroirs appropriés  et  un savoir faire que l’on ne peut se procurer facilement. Beaucoup de travail a été investi,  des échanges et de la coopération ont été mis en route, et depuis quelques années  on trouve dans chaque pays africain quelques plantations qui proposent de petits volumes de nouveaux  thés fins de grande qualité.

Quelques uns pour mémoire : les thés blancs, wulong et sombres  de Satemwa, plantation de la famille Kay au  Malawi, les thés bio noirs, verts et blancs de  Sorwathé, au Rwanda,  les thés et plantes à infusion bio de  Luponde, en Tanzanie, le thé blanc de Kangaita, au Kenya, les thés verts et bio de Kahangi, en Uganda….
Cela mérite un franc applaudissement de la part des consommateurs, heureux et curieux de découvrir ces tasses et qui se doivent d’encourager et de soutenir cette démarche.

Voilà une idée pour l’année 2016 : découvrir les nouveaux thés de spécialité du continent africain et les partager entre amateurs amis.

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