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N°51 Art.1 "Les thés du Triangle d’Or".

Encore peu connus à l’extérieur les thés de ces quatre pays du Sud Est asiatique que sont : le Bangladesh, le Myanmar, le Laos et la Thaïlande, commencent à se profiler. Avec leurs frontières bordant les plus grands producteurs de thé du monde, l’Assam (Inde), le Yunnan (Chine) et le Vietnam, ces quatre pays possèdent tous  des forêts de théiers anciens et des habitudes ancestrales de consommation de leurs feuilles.
pour situer
Toutefois la culture commerciale du thé n’y a été développée que  vers les années 1850/60
**sous le régime colonial britannique au " East Pakistan" et  au " Burma ", devenus depuis le Bangladesh et le Myanmar,
**sous le régime colonial français au Laos,
**plus tardivement, vers 1970,en Thaïlande, l’ancien Royaume du Siam, toujours gouverné par ses propres familles régnantes.




 Le Bangladesh est  le plus grand producteur de thé de ces 4: avec une population de 152,2 millions sur 144.000 km², c’est un des pays les plus peuplés du monde. C’est sur les hautes collines au nord et à l’est, qui bordent les immenses plaines des embouchures du Gange et Brahmapoutre que les Britanniques ont implanté de splendides jardins de thé depuis 1854. Produisant principalement des thés noirs CTC, le tonnage a été de 63.200 t  en 2013. Une nouvelle région a été mise en culture de thé autour de Panchagarth  depuis 2000, avec une  qualité très intéressante, aux dire des experts de Bangladesh Tea Board à Chittagong. 
les thés du Bangladesh
Les 150 usines de thé transforment une cueillette venant pour plus de 2/3 de petits producteurs, alors qu’environ 20% de la production proviennent depuis plus de 160 ans du "pilier / pionnier", la société britannique James Finlay.  
Fortement concurrencé par la culture du caoutchouc, plus rémunératrice, il faut depuis quelques années importer du thé, pour satisfaire la demande croissante du marché intérieure. Les producteurs cherchent néanmoins des contacts en Occident, pour proposer leurs récoltes fines.
Le Myanmar, avec une surface de 677.000 km² pour une population de 51,4 millions est le plus vaste des quatre pays. Les cultures de thé sont situées dans la province de Shan, autour de l’ancienne Capitale du Thé, Namshan. En plus des théiers à grandes feuilles de la variété Assamica on trouve aussi des plantations de Camellia Sinensis, à petites feuilles, et la production est estimé à environ 8.000 t de thés verts et 4.000 t de thés noirs, avec en complément environ 16.000 de thé aigre doux, un condiment très prisé, aussi appelé Laphet, obtenu en marinant les feuilles fraîches avec ail et autres épices. 
marché du thé à Namshan, crédit Yann Pai
Au Myanmar aussi la cueillette provient principalement de petits fermiers, par ailleurs souvent producteurs de pavot. Malgré les tentatives des majors comme Unilever et Tata de s’implanter au Myanmar, toute la filière est encore entre les mains  de structures locales, qui approvisionnent surtout le marché domestique.




Le Laos, pays montagneux et enclavé, avec seulement 6,5 millions d’habitants sur 237.000 km², au passé politique difficile, commence à s’ouvrir à partir de 1997.  Seulement 4% des terres se prêtent à l’agriculture, par contre les paysages splendides du relief attirent de plus en plus de touristes amoureux de la nature. C’est au Nord Ouest, dans la province de Phongsaly que l’on trouve de grandes forêts de théiers âgés, cueillis depuis des siècles par les populations locales. Certains chercheurs de thé ont commencé à s’intéresser à ce patrimoine végétal exceptionnel. Ainsi une jeune société russe, Tea Pilgrims, fondée à Moscou en 2011 par Alexander Zhiryakov, a installé une unité de transformation dans cette province, sur le Plateau de Boloven ; elle y a également crée de nouvelles plantations  à partir de boutures sélectionnées sur place
un thé de Tea  Pilgrims
Une petite gamme de thés, que s’arrachent les amateurs de thé russe ! Très enthousiaste pour ces plantations en pleine forêt et loin de toute pollution urbaine, Alexander fait état d’une production de 8.600 kg en 2014 et compte sur 20.000 kg en 2015.
Son estimation pour la production totale de thé au Laos tourne autour de 3.000 t.

La Thaïlande, une monarchie héréditaire, a longtemps été le premier producteur de riz du monde. La population de 66,7 million vit sur 514.000 km² et cultive des terres fertiles et abondantes. Possédant d’anciens théiers dans le Nord, dans la province de Chiang Rai, cueillis par les minorités locales, la culture commerciale du thé est assez récente. Elle a été en fait mise en route par des soldats chinois, appartenant à l’armée perdue du leader nationaliste  Chiang Kai Shek. Dans l’impossibilité de rentrer chez eux, dans la Chine communiste leur installation au nord de la Thaïlande avait été autorisée par le Roi en 1971. A l’aide de subsides attribués par la Reine Mère ces soldats se sont lancés dans la culture du thé, afin d’y attirer aussi les paysans des alentours, qui cultivaient surtout du pavot. Une étroite collaboration et assistance de la part des "autorités ès thé" de Taiwan a apporté conseils et matériel végétale, permettant au fil des décennies de développer des thés Wulong de qualité remarquable. Très prisés sur le marché local on peut maintenant trouver certains de ces thés fins en Europe, à explorer.
Il n’y a pas de données statistiques pour la production de thé en Thaïlande, des estimations font état de 10.000 t par an environ.



  

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